Promeneurs, sportifs, en campagne,
sur l'eau, en montagne,
attention à la foudre !
1) Le nuage
Vous faites du vélo ou du footing en campagne, vous vous promenez en forêt, vous êtes en mer ou en montagne. Au loin vous voyez apparaître de gros nuages blancs et gris qui annoncent l'orage. Ce sont des cumulo-nimbus, qui ont été formés par des courants d'air chaud et humide s'élevant rapidement dans l'atmosphère.
Ils couvrent une surface de plusieurs dizaines de kilomètres carrés, et leur hauteur atteint facilement 15 kilomètres, presque le double de l'Everest !
Composés de centaines de milliers de tonnes d'eau, ces nuages sont sous forme de gouttes d'eau chargées d'électricité négative
(-) dans la partie proche du sol, et de particules de glace chargées d'électricité positive, vers leur sommet.
Ceci explique que des décharges sous forme d'éclairs sont visibles à l'intérieur du nuage lui-même ou entre deux nuages qui peuvent être comparés à d'énormes batteries électriques.
Le nuage approche assez rapidement de vous. Que va t'il se passer ?
Le sol, sur lequel vos pieds sont posés, possède encore une charge électrique faible. Le passage du nuage provoquera une très forte augmentation de la charge électrique du sol qui deviendra positif, créant une différence de potentiel de l'ordre de 100 millions de volts entre lui et la base du cumulo-nimbus. Une décharge électrique qui peut dépasser 200.000 ampères, dissipant des énergies de l'ordre de 1.000.000.000.000 de watts, peut alors se produire entre le sol (+) et la base du nuage (-).C'est la foudre qui, en général, descend en suivant une sorte de canal lumineux. D'autres arcs peuvent remonter de la terre vers le nuage et rejoindre celui qui descend.
Une violente lumière est émise, la température du canal par où passe l'arc électrique atteint de 20.000 à 30.000 degrés et la pression devient tellement forte que ce canal d'air explose en produisant un bruit très fort appelé tonnerre. Si en plus le sol comporte des aspérités, des pointes, des parties saillantes, vous-même si vous restez debout par exemple, la densité des charges électriques devient colossale sur ces pointes, et la différence de potentiel électrique avec la base du nuage est multipliée par 2000. C'est pourquoi la foudre s'amorce plus facilement sur les pointes, les pics escarpés et le haut des mats des bateaux.
La foudre peut aussi se présenter sous forme de boule, sorte de sphère lumineuse d'une quinzaine de centimètres de diamètre. Elle peut entrer par une cheminée ou une fenêtre, frôlant les habitants sans les toucher, puis disparaître en 4 à 5 secondes. On ne sait pas à quoi correspond cette boule.
En mer ou en montagne, on peut voir, dans les minutes qui précèdent l'orage, des " effluves ", sortes filaments lumineux bleu-violet de longueur variable (quelques centimètres), dont l'apparition coïncide souvent avec l'audition de crépitements, et de bruits (comparables au bourdonnement d'un essaim d'abeilles), qui annoncent un danger imminent imposant de prendre des précautions immédiates.
Ces effluves sont bien connus des alpinistes et surtout des navigateurs qui les appellent " feux de saint Elme ", quand ils les observent à la pointe des mats de leurs bateaux. Quelques fois les cheveux se hérissent car ils sont chargés d'électricité de même signe, (+), et ils se repoussent les uns les autres comme les piquants du hérisson.
2) Les effets de la foudre
Si la foudre tombe sur un homme, une partie du courant électrique le traverse en carbonisant une parcelle de peau qui sera percée, et l'autre partie de l'électricité, c'est-à-dire la presque totalité, suit la surface du corps. On l'appelle arc de contournement. Il grille les poils, les cheveux et les vêtements, il fait fondre les colliers, les fermetures éclair, les objets métalliques contenus dans les poches et laisse des traces de brûlures caractéristiques sur la peau.
Il peut arriver que la foudre frappe d'abord un objet, un mur, un arbre et " saute " ensuite sur un être humain, c'est ce que l'on appelle l'éclair latéral.
C'est ce qui se passe quand on téléphone pendant l'orage ou lorsque la foudre tombe sur un piquet métallique de tente avant de frapper les campeurs. Il ne faut donc pas s'abriter sous un arbre, surtout s'il est isolé, ni sous un hangar recouvert d'un toit de tôle.
Ces accidents sont encore plus fréquents si le sujet touche l'objet métallique : tronc, clôture métallique à l'extérieur, robinet, tuyau, réfrigérateur à l'intérieur et à l'abri.
Un foudroiement bien connu est celui qui est nommé foudroiement par tension de pas. Le courant électrique du a la foudre qui est tombée à distance du sujet, se propage par le sol et monte par un pied, la jambe, la cuisse, et redescend par l'autre jambe pour rejoindre l'autre pied et retourner au sol.
Dans ce cas, aucune partie vitale du corps n'est atteinte (cerveau, coeur) ce qui fait que les lésions sont en général moins graves.
Par contre, les troupeaux de vaches et de moutons peuvent être foudroyés ainsi par un seul impact de foudre, car chez eux, le courant qui passe des pattes antérieures aux postérieures (ou l'inverse) traverse le thorax et le coeur.
Indirectement, la foudre peut tétaniser les muscles, brûler la peau, crever le tympan, projeter le sujet au sol et provoquer de brûlures notamment cutanées et oculaires. L'effet de souffle (blast) peut aussi faire éclater des alvéoles pulmonaires.
La mort est souvent due à des atteintes cardiaques, des lésions neurologiques et à des arrêts respiratoires.
3) La prévention
Toute prévention nécessite une information correcte des dangers encourus.
D'abord il faut savoir que ce n'est pas parce que le nuage orageux est encore loin, à plusieurs kilomètres, et que le ciel est encore bleu au-dessus de votre tête, que vous ne risquez rien. Ce ciel clair, rassurant, est peut être déjà fortement électrisé.
Il faut donc d'abord se hâter d'estimer à quelle distance se trouve ce nuage dont on observe de loin les éclairs accompagnés du tonnerre qui gronde.
Pour estimer la distance qui vous sépare de l'orage paraissant lointain, il suffit d'observer un éclair et de compter combien de secondes s'écoulent entre la lumière de l'éclair et le bruit du tonnerre qui suit, et de multiplier ce temps par 340. Par exemple, si le tonnerre suit l'éclair de 5 secondes, c'est que la foudre vient de tomber à 5 x 340 = 1700 mètres. On court un grand danger à partir du moment où l'orage est encore à 10 km, soit 30 secondes qui s'écoulent entre éclair et tonnerre. Peu importe le calcul, retenez ces 30 secondes.
4) Que faire ?
Une habitation solide, fermée et munie d'un paratonnerre est un bon abri. Pensez quand même à ne pas rester près des installations électriques et des canalisations, à ne pas utiliser le téléphone, les appareils électroménagers, les walkmans, à ne prendre ni bain ni douche, à ne pas toucher les robinets d'eau. Les voitures fermées, non décapotables, possédant une carrosserie entièrement métallique, en prenant soin de rabattre les antennes et de ne pas toucher la carrosserie avec son corps, sont aussi de bons abris.
Attention aux petites cabanes même fermées, aux hangars même à toit métallique, aux cabines téléphoniques publiques, et aux tentes de camping.
Ne portez pas un objet au dessus de votre tête, comme un parapluie, une fourche, une canne à pêche, retirez les barrettes à cheveux, les lunettes, les colliers, les montres, les bijoux. N'utilisez pas les téléphones portables, placez les dans un sac entourés par des vêtements si c'est possible.
Ne faites pas du vélo ni du cheval, évitez les sports collectifs (football), la randonnée, l'alpinisme, la planche à voile, le canyoning, le deltaplane, le parapente, le parachute.
Si le seul abri est un arbre isolé et haut, il ne faut surtout ne pas le considérer comme un abri, car il a 50 fois plus de chances de recevoir la foudre que vous. Et puis, s'il est foudroyé, son tronc peut exploser et prendre feu.
Si vous êtes sous un tel arbre, restez à 3 mètres au moins de son tronc et de ses branches pour ne pas avoir un éclair secondaire latéral, restez accroupi et recroquevillé au sol, tête rentrée entre les épaules, les bras entourant les genoux, le menton appuyé sur les genoux, en faisant tout votre possible pour avoir un minimum de contact avec le sol.
Votre position doit ressembler à celle du foetus ou à celle d'un chat qui dort enroulé sur lui-même. Cette position est la seule valable, où que vous soyez.
Si vous êtes en groupe, maintenez entre vous une distance supérieure à 2 mètres pour ne pas courir le risque de foudroiement collectif.
5) Sur l'eau (mer, lac, rivière)
Si vous prenez un bain, en mer, dans un lac ou une rivière, sortez vite de l'eau et prenez les mêmes précautions qu'à terre, n'oubliez pas de vous sécher et de mettre des vêtements secs. Ces conseils sont également valables pour les pécheurs.
Il arrive que les orages vous surprennent alors que vous êtes sur une embarcation. Si la barque est petite et sans toit, ne vous mettez pas à l'eau, car vos jambes et vos bras écartés vont jouer le rôle d'un câble électrique que la foudre va suivre, comme si vous marchiez sur le sol (tension de pas).
Essayez de rejoindre un port au plus vite, n'abritez pas votre bateau sous un pont s'il est métallique.
Si vous êtes dans l'impossibilité de rentrer au port, et si votre bateau possède un mat métallique, accrochez-y vite une chaîne métallique dont vous laissez l'autre extrémité plonger le plus possible dans l'eau.
Mettez-vous dans la position foetale déjà décrite, couchés " en boule " éloignés le plus possible les uns des autres.
6) En montagne
Les accidents de foudre y sont plus graves et les secours peuvent être longs à arriver. Certaines zones montagneuses sont connues pour être plus dangereuses que d'autres, les arêtes de leurs sommets plus particulièrement.
On conseille de consulter les prévisions météorologiques par téléphone, Minitel ou Internet avant de partir.
Si vous le pouvez, protégez-vous de la pluie par des vêtements imperméables et changez vos vêtements rendus humides par la transpiration, par des vêtements secs. Enlevez les objets métalliques et les bijoux pour qu'aucun ne reste au contact de votre peau. Ne les abandonnez pas, car vous pourriez ne plus les retrouver et vous trouver dans l'incapacité de redescendre s'il s'agit de matériel technique nécessaire à l'alpinisme (piolet, crampons... )Ce n'est pas que ces objets attirent la foudre, sauf si vous les brandissez au-dessus de votre tête, mais ils vont fondre si vous êtes frappé, et aggraver vos brûlures.
N'utilisez pas la radio ni les téléphones portables. Placez les, entourés si possible de linge, dans votre sac à dos.
On conseille également de garder le casque de montagne pour protéger votre crâne en cas de chute personnelle ou de chutes de pierres.
Où se mettre à l'abri en montagne ?
Il faut descendre d'abord au plus vite des pointes et des arêtes, et chercher un abri.
Ne restez pas près d'une faille qui est souvent plus humide, la foudre risque de s'y engouffrer, évitez aussi les zones où il y a de la terre, des racines et des lichens qui conduisent bien le courant.
Si vous trouvez une grotte, surtout ne vous appuyez pas aux parois. Vous devez vous asseoir sur votre sac à dos, sur vos cordes, sur vos vêtements qui sont secs, si possible à l'endroit le plus sec, à plus d'un mètre des parois, et avoir le plafond de la grotte au moins à 3 mètres au-dessus de votre tête.
Si vous trouvez un ressaut, c'est à dire une partie horizontale, protégée par un rocher vertical, ce ressaut sera un abri, si le rocher vertical a une hauteur minimum de 4 mètres et si vous prenez la position déjà préconisée (foetus) sur sac et vêtements pour s'isoler du sol, en restant à 2 mètres de la base du rocher vertical.
Dans le cas où vous vous trouvez en descente ou exposé à une chute éventuelle, il faut assurer votre arrimage à la paroi, prendre une corde sèche et laisser pendre les objets métalliques accrochés à un sac.
Dans tous les cas, quelque soit le souvenir que vous aurez gardé de nos conseils, suivez scrupuleusement les consignes données par vos guides qui sont des hommes de métier, ayant déjà connu des situations semblables et ayant reçu une formation pratique que rien ne peut remplacer.
7) Les gestes d'urgence
Si le sujet foudroyé est inconscient, allongez le, enlevez son sac à dos, dégagez son thorax des vêtements du haut et vérifiez s'il respire et si son coeur bat encore, en essayant de sentir le pouls aux carotides, à la base du cou.
Si le coeur et la respiration sont arrêtées, il faut un massage cardiaque et une ventilation artificielle par le bouche à bouche. Lancez l'alerte radio, et continuez jusqu'à l'arrivée des secours.
Le sujet peut s'évanouir et reprendre connaissance quelques instants plus tard. Il peut être anxieux, agité ou au contraire apathique, avoir des maux de tête, ne plus se souvenir de rien ou au contraire être pris de panique.
Plus tard il risque de souffrir d'anxiété, de dépression, de troubles du sommeil, de la mémoire, de fatigue et de migraines.
Si le foudroyé est conscient, soyez prudent en le déplaçant, protégez-le du froid et maintenez le couché sur le côté en position latérale de sécurité.
Montagnards,"suivez le guide", mais suivez aussi, si c'est possible, quelques cours de secourisme donnés gratuitement par quelques organismes habilités.
Pour terminer de façon optimiste, sachez que les accidents de foudre sont rares, qu'on compte par exemple que 50 à 100 personnes sont blessées par la foudre chaque année en France et que seulement 20 à 30 % des cas sont mortels. Les statistiques mondiales montrent qu'il y aurait environ 1000 morts par an, soit 2 morts par 10 millions d'habitants et par an.
Puisse ce modeste travail faire baisser les statistiques.
Références / Les accidents de la foudre, connaissances actuelles, à propos d'un cas de fulguration collective survenu dans les Pyrénées Orientales. Thèse Médecine, 4 novembre 1997, GUIN Philippe. Président du Jury Professeur Albert CALLIS (Cyber@lbert)
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